Retour d’expérience du CH Sud Francilien avec Pixacare

Usage de la télésurveillance pour la plaie du pied diabétique

Lors du Congrès des plaies du pied diabétique 2025 à Montpellier, Tatiana Bénard, IDE coordinatrice (IDEC) à l’unité du Pied Diabétique du CH Sud Francilien (CHSF), a présenté un retour d’expérience concret sur l’usage de Pixacare pour le télésuivi et la télésurveillance des patients porteurs d’une plaie du pied diabétique.

La présentation, désormais disponible en vidéo, montre comment une organisation hospitalière peut structurer un suivi à distance de la cicatrisation efficace, sécurisé et collaboratif entre l’hôpital et les soins de ville.

Contexte : une équipe pluridisciplinaire face à une hausse des besoins

L’unité Pied Diabétique du CHSF regroupe plusieurs professionnels : diabétologues, IDEC, IDE, pédicure-podologues, podo-orthésistes, orthoprothésistes, IPA et cadre de santé.

Leur activité repose sur :

  • des consultations spécialisées,
  • un fort lien ville–hôpital,
  • des avis aux urgences et dans les services,
  • la formation et la recherche.

Avec la raréfaction des centres spécialisés sur le territoire notamment, le nombre de patients augmente tandis que les créneaux de consultation restent stables. Un dispositif de suivi continu entre les visites s’avérait nécessaire, les photos transmises par SMS ou WhatsApp se révélant trop souvent éparses, insuffisamment sécurisées et peu comparables.

La cyberattaque de 2022, qui avait paralysé les systèmes informatiques et provoqué une fuite de données, a renforcé la nécessité d’un outil sécurisé et structuré.

La genèse du projet : de l’étude TÉLÉPIED à Pixacare

Avant Pixacare, l’équipe avait mené l’étude clinique TÉLÉPIED, un suivi à distance réalisé manuellement par une infirmière experte à partir de photos envoyées par email ou SMS, complété par des visites à domicile.

Cette étude clinique a démontré :

  • ↓ 50 % des coûts de prise en charge,
  • ↓ des jours d’hospitalisation et de réhospitalisation,
  • un taux identique de guérison et d’amputation dans les deux groupes.

Elle validait le potentiel du télésuivi dans la prise en charge de la plaie du pied diabétique, mais restait difficile à reproduire à grande échelle.

En 2023, lors du congrès Plaies et Cicatrisation, le service découvre Pixacare, qui permet d’automatiser et sécuriser tout ce qui était fait manuellement.

Depuis juin 2024 : une organisation entièrement structurée via Pixacare

Depuis juin 2024, tous les patients porteurs d’une plaie du pied diabétique vus en consultation, HDJ ou hospitalisation (y compris les urgences), sont inclus dans la télésurveillance via Pixacare, avec leur accord.

Deux modalités coexistent.

1. Télésuivi par le patient (autonome)

  • Envoi automatique d’un SMS hebdomadaire,
  • Téléversement de photos en un clic (sans application obligatoire),
  • Questionnaire de détection précoce des complications

2. Télésuivi par les IDEL, HAD ou SSIAD

  • QR code unique remis par le médecin ou IDE coordinateur à l’hôpital
  • Application gratuite pour les infirmières,
  • Prise de photos + questionnaire,
  • Messagerie sécurisée avec l’hôpital.

Cette organisation facilite considérablement le suivi à distance de la cicatrisation.

Fonctionnalités clés utilisées par le CHSF

Tatiana Bénard a présenté les fonctionnalités les plus utiles pour une unité spécialisée :

Photothèque médicale structurée

Toutes les photos sont rattachées au dossier patient, visibles par l’ensemble des soignants autorisés (diabétologues, IDE, chirurgiens vasculaires, infectiologues, urgentistes).

Messagerie collaborative sécurisée

Elle fluidifie le lien ville–hôpital. Les équipes y échangent sur les protocoles, les problématiques de décharge, les avis rapides ou les ajustements nécessaires. Elle remplace efficacement les échanges par SMS ou WhatsApp et e-mails, non recommandés pour des raisons de confidentialité et de sécurité des données.

Documentation de la cicatrisation

Un atout majeur : annotation rapide de la plaie, planimétrie manuelle intuitive, suivi des courbes d’évolution, saisie des éléments cliniques et génération automatique d’un rapport PDF intégré dans le DPI.

Détection précoce des complications

Grâce aux questionnaires infectieux obligatoires, aux alertes automatiques et à la comparaison visuelle des photos.

Plusieurs patients ont ainsi pu être réhospitalisés plus tôt, souvent directement en diabétologie et sans passage par les urgences, améliorant leur pronostic.

Des bénéfices cliniques majeurs

Selon l'équipe, les bénéfices attendus et déjà observés incluent :

  • Réduction du temps de cicatrisation (accompagnement rapproché),
  • Moins d’hospitalisations et réhospitalisations,
  • Repérage précoce des aggravations,
  • Échanges sécurisés et qualitatifs,
  • Solution facile à adopter par les IDEL et les patients,
  • Diminution des coûts globaux de prise en charge.

Pixacare devient ainsi un outil structurant pour la coordination ville-hôpital, essentielle dans la prise en charge des plaies complexes.

Cas cliniques présentés

Tatiana a illustré l’impact concret du télésuivi avec :

1. Une cicatrisation favorable

Le suivi régulier des photos, associé à des conseils et à des ajustements rapides, permet une évolution rapide et positive.

2. Une stagnation de la plaie

Un patient envoyait une photo chaque jour pendant un mois sans amélioration visible, plaie atone malgré différents traitements locaux proposés :

→ Réhospitalisation précoce pour larvothérapie,

→ Cicatrisation rapide ensuite.

3. Une dégradation silencieuse

La comparaison des images a permis :

→ De détecter une dermo-hypodermite,

→ Une biologie urgente a été demandée,

→ Réhospitalisation immédiate sans passage aux urgences.

Les limites du suivi photographique

Tatiana l’a rappelé : une photo reste une photo.

Certaines informations échappent encore à l’image seule : profondeur, température, contact osseux ou qualité et quantité de l’écoulement. La qualité de l’image dépend également de l’angle ou de la luminosité.

Le questionnaire clinique et le lien direct avec les IDEL restent donc indispensables pour compléter l’évaluation.

Perspectives et points à développer

L’unité identifie plusieurs axes d’amélioration :

  1. Diffuser l’utilisation de Pixacare auprès des IDEL (CPTS, CPAM…).
  2. Utiliser l’application pour les premiers avis.
  3. Étendre l’utilisation de la vidéo, utile pour visualiser le pied dans son ensemble et la plaie sous tous ses angles.
  4. Déplacements d’une coordinatrice experte à domicile (modèle TELEPIED).
  5. Poursuite de la recherche : résultats de l’étude PIXAPROM à venir.

Conclusion : un outil structurant pour le suivi à distance de la cicatrisation

Pour Tatiana Bénard, Pixacare est un outil essentiel de télésurveillance, qui améliore le suivi à distance de la cicatrisation, renforce le lien ville–hôpital, sécurise les données et optimise l’organisation des équipes.

Elle souligne cependant que cette organisation repose avant tout sur l’humain :

le temps infirmier, l’implication des soignants de ville et la valorisation de cette activité, aujourd’hui non rémunérée, seront essentiels pour garantir la pérennité de cette organisation.

Voir la vidéo du symposium

Retrouvez la présentation complète de Tatiana Bénard dans la vidéo ci-dessous, comprenant la démonstration, les cas cliniques et les retours d’expérience du CHSF.

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